République Démocratique du Congo

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2024-04 Factsheet - République Démocratique du Congo

< Oct 2023
April 2024
RDC, Province du Nord Kivu, Territoire de Nyirangongo, Site de Lushagala, Aoüt 2023

Highlights

La RD Congo demeure marquée par la persistance de la crise humanitaire due aux affrontements de groupes armés d’une part ainsi qu’à la résurgence des conflits communautaires d’autre part.

Durant le premier trimestre 2024, le contexte sécuritaire et humanitaire a continué à se détériorer principalement dans les provinces du Nord et Sud Kivu, de l’Ituri et du Tanganyika.

Depuis le début de 2024, les territoires de Rutshuru et Masisi en province du Nord-Kivu ont été marqués par l’intensification des combats entre les FARDC et les M23 avec une détérioration du contexte resté inchangé à ce jour. Des combats par intermittence sur les axes Sake – Mweso, Sake – Mushaki et les collines surplombant Kirotshe, Bweremana et Shasha, ont donné lieu à un afflux de mouvements de population vers les zones de santé de Masisi, Mweso (axe Kashuga et Kalembe), Pinga (Walikale), Nyanzale et sur l’axe Sake-Bweremana et Sake – Goma (Zones de santé de Goma, Karisimbi et Nyiragongo) affectant plus de 165 000 personnes au courant du mois de mars 2024.

Par ailleurs, la province du Tanganyika demeure dans une situation humanitaire précaire. En effet, les zones de santé de Kongolo, Kalemie et Nyunzu ont été affectées d’une part par les conflits communautaires entre les Twa et les bantous ; et d’autre part les attaques des Mayi Mayi dans la province du Maniema causant le déplacement massif des populations dans le territoire de Kongolo.

Les populations en déplacement subissent la perte quasi-systématique de leurs biens essentiels ainsi que la dégradation ou la destruction de leurs logements. Pour répondre à ces besoins, les acteurs des secteurs abris et AME ont assisté, entre janvier et mars 2024, 140.339 personnes soit 39.503 ménages en abris et 308,014 personnes soit 52,163 ménages en articles ménagers essentiels et kits d’hygiène menstruelle. Ces interventions ont été mises en œuvre dans six provinces de la RD Congo à savoir l’Ituri, le Nord et Sud Kivu, le Tanganyika, le Mayi-Ndombe ainsi que le Kasaï central.

Les réponses en Abris représentent 15% et les réponses en AME 17% des cibles sectorielles du Plan de Réponse Humanitaire pour 2024.

 

NFI

Shelter

Need analysis

Les besoins en abris et AME sont les plus importants dans les provinces affectées par les mouvements de population (que ce soient les déplacements ou les retours). Dans le Nord-Kivu, le Sud Kivu et l’Ituri, les conflits armés et les violences ciblées contre les civiles persistent, de même que les conflits intercommunautaires, en dépit de l’état de siège instauré depuis le mois de mai 2021. Les crises les plus récentes dans ces deux provinces sont la crise de Djugu-centre (Ituri) et la crise de M23 (Nord et Sud Kivu). Dans le nord de la province du Tanganyika, les déplacés en provenance notamment du Maniema, sont particulièrement affectés et les plus vulnérables ont besoins d’abris et d’AME. La situation à Kalemie avec la fermeture des sites a entraîné des besoins urgents en Abris dans les zones de relocalisation ou de retour.

Conséquences : La dégradation de la situation sécuritaire et humanitaire a provoqué d’une part de vastes mouvements de population, mais également la perte ou destruction des articles ménagers essentiels (AME), les destructions partielles ou totales de maisons dans les villages d’origine.  L’hébergement des ménages déplacés dans des familles d’accueils, centres collectifs, camps ou sites de déplacés accentue l’exposition des ménages à l’insécurité, à la promiscuité et donc accroît les risques sanitaires, de protection et de violences basées sur le genre, et le risque d’exposition aux épidémies.

Response

Pour le secteur Abris, environ 140 399 personnes soit 28,068 ménages ont été assistés.

  • 64% de l’assistance fournis sont dans les sites (90,054 personnes assistée), 35% dans les familles d’accueil (48,685 personnes assistée) et 1% dans les centres collectifs (1 660 personnes assistées) ;
  • 108,947 personnes (soit 78% des réalisations) ont été assistés avec une réponse d’urgence à travers la distribution des kits abris légers, la construction des abris d’urgence individuels et collectifs ;
  • 25,661 personnes (soit 18% des réalisations) ayant été assistées à travers la construction des abris transitionnels, la mise à niveau ou la réhabilitation de leurs abris ainsi que l’appui au loyer ;
  • 5,791 personnes (soit 4% des réalisations), ont été assistées à travers la reconstruction des abris en matériaux locaux dans leurs zones de retour.
  • 13 partenaires sont intervenus en Abris[1].

 

Pour le secteur AME :

 52,163 ménages assistés en AME, soit 308,014 personnes parmi lesquelles 45,012 femmes et filles en âge de procréation ont reçu des kits d’hygiène intime ou kits de dignité.

  • 91% de ménages ont été assistés (281,522 personnes) via des distributions en nature, et 9% ont reçu un transfert monétaire (26,492 personnes).  
  • Le délai moyen entre l’évaluation des besoins et la réponse est de 10 jours en moyenne dans le cadre de la réponse rapide
  • 12 interventions sont intervenues dans le cadre de la réponse rapide
  • 11 partenaires sont intervenus en AME[2].
 


[1] AAI, ADSSE, AICRL, AIDES/UNHCR, CDJP, DCA, DRC, MIDEFEHOPS, NRC, OIM, POPOLI FRATELI, WNH, CONCERN

[2] ADSSE, AIDES, Croix Rouge Nord Kivu, Croix Rouge Tanganyika, CICR, DCA, OIM, PPSSP ,Samaritan Purse, UNICEF et UNHCR.

 

Gaps / challenges

Au terme du premier trimestre de l’année 2024, les réponses apportées par les acteurs abris représentent 15% de la cible du HRP 2024, et 3% par rapport à la population totale estimée dans le besoin (HNO). Les acteurs AME/NFIs ont atteint 17% de la cible du HRP 2024 et 8% par rapport à la population dans le besoin (HNO). Cependant, les besoins continuent de croître en raison de la détérioration de la situation sécuritaire et humanitaire qui entraînent une augmentation des mouvements de populations dans l’Est du pays ainsi que l’exacerbation des besoins et vulnérabilités des ménages.

Les interventions Abri et AME ont confrontés à divers défis et contraintes qui ont impacté la fourniture d’assistance sur le terrain, entre autres :

  • Dans le contexte du Nord Kivu, en plus des problèmes d’accessibilité liés à l’insécurité et aux aléas naturels, le manque d’espaces ou de terres supplémentaires a entravé la mise en œuvre des interventions d’urgence planifiées par les acteurs du secteur. Cette situation a entraîné un risque accru d’exposition aux violences sexuelles et à divers abus pour les personnes déplacées, en particulier les femmes et les filles. De plus, cette situation favorise la propagation des épidémies dans les sites d’abris.
  • Le contrôle de certaines zones par des groupes armés entrave les interventions, malgré les besoins importants dans ces zones (Ex : territoire de Masisi et de Rutshuru dans le Nord Kivu, le territoire de Minova dans le Sud Kivu, le territoire de Djugu dans l’Ituri, etc.). En outre, le blocage de certains axes et l’occupation des zones d’approvisionnement par les groupes armés ont entrainé une pénurie et une hausse des prix des articles AME et des matériaux de construction nécessaires pour les abris d’urgence.
  • L’escalade des conflits, lié à la crise M23, provoque continuellement des mouvements massifs de déplacés vers les sites autour de la ville de Goma, province du Nord Kivu. Cela exerce une pression supplémentaire sur les interventions déjà très limitées, et l’accès à la terre pour la construction d’abris reste une préoccupation majeure. De plus, la militarisation des sites entraîne des incidents répétés, compromettant la sécurité des déplacés et du personnel humanitaire, et rendant l’accès physique de plus en plus difficile à certains endroits.
  • Depuis le début de l’année, les fortes pluies et les inondations ont touché plus de 15 provinces de la RDC, augmentant les besoins en abris et en assistance multisectorielle dans les zones affectées par les mouvements de population et ont accentuées d’avantage la vulnérabilité de ces dernières, d’autant plus que les ressources pour répondre aux besoins découlant de ces catastrophes naturelles sont extrêmement limitées, voire presque inexistantes.